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dimanche 12 mai 2024

Rafiki ( film, 2018)

 Dans le cadre du mois de la culture africaine ( ou plutôt, du printemps, puisque les animations s'enchainent en fait sur au moins 2 mois et demi), la bibliothèque où je vais bientôt travailler proposait hier une projection d'un film africain, sans dévoiler le titre, c'était la surprise.
Donc, puisque j'ai eu peu l'occasion de voir de films africains, allons y.

Et ça a été franchement une très très bonne surprise, que je rapproche, par son sujet et son traitement de l'excellent " Et puis nous danserons", mon petit coup de coeur de ces dernières années, mais aussi de "Papicha", pour l'envie de montrer des femmes essayant de lutter à leur manière contre les traditions sclérosées de leur pays, et de montrer une image jeune, et dynamique des pays africains.
La mise en relation des trois en d'ailleurs temporellement pertinente, puisque les trois datent de a même période, soit 2018/ 2019 ( prenant en compte le temps nécessaire au tournage souvent compliqué, de ce genre de films)

un film kenyan, ce n'est pas si courant, et sur ce sujet, c'est presque une anomalie


Un vent de liberté cinématographique souffle donc, au nord au centre de l'Afrique, dans le Caucase... les gens en ont marre de subir des politiques qui les brident dans leur vie quotidienne et le font savoir.

Donc de quoi s'agit -t-il? Pour le titre, je n'ai pas trouvé la traduction, ce n'est pas le nom d'un des personnages, donc... aucune idée. Les film est kényan, les personnages s'expriment le plus souvent en anglais ( pour les dialogues intergénérationnels), et ponctuellement en swahili, principalement entre jeunes des couches sociales les moins favorisées ( a fille de bonne famille parle anglais aussi avec ses copines, tandis que celle qui est une classe moins aisée parle swahili avec ses amis)

Et donc, le sujet. C'est une histoire d'amour, mais.. pas cucul-la-praline. Une histoire de Roméo et Juliette, avec des familles qui s'opposent politiquement sauf que..
Ici ce n'est pas Roméo et Juliette, mais Juliette et Juliette.
Sauf qu'on est au Kénya, un pays où l'homosexualité est passible de 14 ans de prison pour les hommes, tandis que comme souvent, le cas des femmes est plus flou. La loi est très claire concernant les hommes mais les femmes, si elles sont victimes d'ostracisme, de moqueries, de violence, sont moins à risque de subir une peine de prison ( c'était d'ailleurs aussi le cas en Europe il y a encore quelques décennies: il semble que mondialement,  les lesbiennes font moins peur que les gays, visiblement, et sont relativement mieux tolérées que les homosexuels, socialement)

Le film a été considéré par les médias européens, comme vieillot dans son traitement, parce qu'il reste délicat et pudique, alors qu'en Europe, on se tape des versions crues, souvent vues par un homme, hein, la Vie d'Adèle était loin d'avoir la subtilité de son origine " Le bleu est une couleur chaude", et je l'ai tellement trouvé bof que je ne l'ai même pas chroniqué, ni n'ai l'intention de le faire, l'auteur de la BD a dit son opinion et toute sa déception à ce sujet)
Or là, le film a été interdit dans son pays d'origine, pour sa dernière séquence ouverte, qui donne une piste comme quoi les deux femmes qui ont été séparées n'ont aucune envie de mettre fin à leur relation. C'est dire si le sujet est encore tabou au Kenya, dont la loi anti homosexuelle a été depuis le film, encore durcie. et ne parlons pas de l'Ouganda, qui tente au mieux de mettre en place une peine de prison a vie, au pire une peine de mort.. provoquant la fuite massive des personnes concernées qui risquent leur vie à être elles-mêmes.

Donc, deux Juliettes , lycéennes kenyanes qui attendent les résultats de leur bac.
Il y a Kena, grande mince, plate, au style androgyne, aux loisirs "de garçon", elle aime faire du skate et jouer au foot avec ses copains, donc Blacksta, un brave gars, marrant, dragueur.. qui l'adore sans vraiment oser se déclarer, exactement parce qu'elle n'est pas comme les autres filles avec qui il sort. Il drague les autres mais l'aime, elle, en espérant qu'un jour elle se rende compte qu'il est un type bien ( même si ses arguments sont économiques et patriarcaux: il pourra lui faire une vie confortable, l'argent, c'est ce que tout le monde veut... etc...)
Kena, c'est typiquement le garçon manqué qu'on s'attend à trouver dans un film américain.. mais beaucoup moins dans un film kenyan.  C'est aussi la bonne élève qui a d'excellentes notes, un projet d'étudier en école d'infirmière. Ses parents sont divorcés, elle habite avec sa mère, et travaille avec son père, épicier, qui mène aussi une campagne pour des élections locales.
Et il y a Ziki. Elle, elle ne détonnerait pas si l'histoire se passait au Japon, à Harajuku ou à Shibuya: vêtements fluos, tresses roses, maquillage outré, robes à fleurs, sandales, c'est le prototype de la fille branchée, qui passe plus de temps à sortir en clubs qu'à étudier, et n'a donc pas des notes et un horizon formidable professionnellement. Mais elle est de famille riche, et son rêve est d'aller voyager de par le monde, de se présenter aux gens et de rire partout " je suis kényane, et je suis sure que ce n'est pas comme ça que vous imaginiez une jeune kenyane, l'Afrique n'est pas ce que vous pensez".
Problème, elle est aussi la fille de l'opposant politique du père de Kena.

Des filles, donc, différentes des clichés sur l'Afrique, qui, malgré leurs différences de style, de niveau social, d'objectif de vie, font connaissance et se stimulent à ne pas se limiter aux carcans que leur impose la société , Ziki poussant Kena a envisage mieux qu'être simplement infirmière, l'excellence de ses notes lui ouvrant la possibilité de faire des études de médecine, soit le travail rêvé.. des hommes, ou du moins du gendre idéal que la mère de Kena espère voir un jour sa fille lui ramener... sans se douter qu'elle est plus sensible aux charmes de sa camarade.
Les deux filles ne sont d'ailleurs pas dupes et se rendent très vite compte que leur amitié est bien plus que ça... En fait, les seules personnes que cette relation ne gêne pas sont elle même, et lorsque les choses se sauront, le père de Kena qui trouve que le bien être de sa fille est plus important que les élections, et la mère de Ziki, qui l'envoie à Londres quelques années, le temps que les choses se tassent Précisément, dans un pays, et une ville, qui sont beaucoup plus tolérants sur ces questions.
Les deux autres parents, eux, sont du côté intolérant: le père de Ziki ne voit que les retombées négatives que l'homosexualité de sa fille pourrait avoir sur sa campagne électorale ( et représente donc le blocage politique), et la mère de Kena, hyper religieuse, accuse le père de Kena, qui, pour elle, est responsable du fait que sa fille soit la proie des démons, et se met donc en tête de la faire exorciser pour régler le souci ( et cette fois, c'est le blocage religieux)
Et il y a les autres, les copains de Kena, les copines de Ziki, les commères du marché, les policiers qui s'amusent de la situation lorsque les filles sont découvertes et tabassées... qui représentent le blocage social. Blacksta est un peu à part, il soutient Kena et de la rejette pas lorsqu'elle vient chercher refuge chez lui mais... ne peut pas vraiment accepter sa défaite en tant qu'homme , qui ne pourra jamais avoir la fille qui lui plait.
Et il y a l'homosexuel, rôle muet, qu'on voit passer sur le marché, moqué, harcelé, souvent pourvu d'un pansement ou d'un coquard ( et je pense que c'est aussi une prise de pouvoir pour Kena d'opter pour une carrière de médecin, une manière peut-être de " réparer" ceux qu'on exclut). J'ai beaucoup aimé la séquence ou elle va finalement s'assoir près de lui, sur un banc, sans un mot. Rejoignant le banc des exclus, des accusés, la minorité silencieuse, mais dont le silence est aussi une révolte.
La manière de films est intéressant. Il y a des parallèles clairs avec Et puis nous danserons, dans la volonté de montrer par petites touches le poids de la tradition, de la religion ( ici une jarre traditionnelle géorgienne, un chapeau de berger caucasien, là un tissu wax, des tresses munies de coquillages...) à l'opposé de la fête foraine, la boîte de nuit, des vêtement à l'européenne..mais là où le film géorgien montrait assez souvent l'espace, la campagne, la liberté, le film kényan enferme ses personnages dans l'image: des grilles, des barreaux, des rideaux de perle qui séparent les personnages une ville très verticale survolée d'un hélicoptère de surveillance. C'est une manière intéressante de faire passer le message que tout le pays est une prison, où les murs ont des oreilles et des yeux.

Autre point intéressant, la réalisatrice est militante féministe, mais aussi d'un mouvement esthétique " Afro Bubblegum", caractérisé par des couleurs vives, volontiers jaunes, roses, fluos assez pop-art... pour montrer un côté plus moderne de l'Afrique, qui n'est pas que tons terreux et cases dans la brousse.
Une très jolie découverte, donc, qui me permet de valider une catégorie 2020
(et je me rends compte que ça devient rarissime, un film qui commence par le générique de début, on est plus habitués depuis quelques années à avoir au moins une séquence pré-générique, parfois même tellement longue d'on attend 10 bonnes minutes pour avoir le titre. C'est peut être aussi ce qui l'a fait classer comme " désuet" en Europe, mais d'un point de vue personnel, je préfère ça. C'est tout bête mais, entrer dans l'histoire, en sortir 5 minutes plus tard pour le générique et essayer de reprendre le fil de la narration, je trouve ça pénible. Je préfère cette manière de faire: générique, titre, hop, c'est plié, l'histoire peut commencer)

Pour ceux qui veulent le voir , il y a deux possibilités:
- soit vous êtes avignonnais, avec une carte de lecteur à la bibliothèque, et il est visible gratuitement sur le site de la bibli, dans la collection vidéo
- soit vous n'avez pas la chance ( ou la malchance) d'être avignonnais et donc.. Ho, mais le voilà disponible sur mon site chouchou, Universciné!

un film réalisé par une femme
bonus catégories: film ou on entend deux langues ( anglais et swahili)

lundi 6 mai 2024

Lundi soleil 2024 (5) - Mai en rose

 Ce mois-ci, c'est retour au Japon, diverses années...
Comme l'an dernier j'ai toujours du mal avec la couleur rose.
Enfin, je vais nuancer, j'ai surtout du mal avec la couleur rose pâle, les nuances plus vives ou qui vont vers le fuschia ou le violet passent évidemment mieux.
*C'est même étonnant que deux couleurs parfois très proches peuvent me causer des effets inverses, une que j'évite, et l'autre qui est ma favorite, simplement parce qu'il y a une petite adjonction de bleu.

Là, par exemple, ça va, le premier est par petite touches, et la robe est en dégradé. J'avais pris ces tenues en photo pour quelqu'un à qui je savais que ça plairait, mais objectivement j'aime bien la robe kimono, que je trouve élégante et originale. Ca aurait été juste... mieux en violet :D
Tokyo, 2012



Ces petit lapins aux roses oreilles sont sculptés dans des cocons de vers à soie: quand les cocons sont trouvés parce que le papillon en est sorti, ils sont inutilisables pour faire de la soie. Un artisan a donc décidé de les utiliser pour faire de petites sculptures vendues comme souvenirs. Kyoto 2012.

Et puis, si pour beaucoup de gens "rose = Barbie", pour moi "rose = Jesse Johnson", et il faudrait sacrément être miraud pour le prendre pour une nana avec sa moustache.
Allez, je vous ressors l'ami Jesse et sa guitare rose, ça fait une occasion d'en reparler, parce que j'aime beaucoup sa musique, et que ça me fait toujours plaisir de voir un homme casser les codes genrés récents, puisqu'avant les années 1930, le rose était une couleur considérée comme masculine. Donc, non seulement Jesse n'a fait que se réapproprier une mode bien plus ancienne, mais en plus, avec son teint, ça lui va beaucoup mieux qu'à la poupée blonde.

Je préfère quand même la couleur de sa tenue à celle de la guitare, un peu trop "malabar" pour moi

Conclusion? Portez la couleur qui vous plaît, OSEF de l'avis des marketeux.

Et pour les expressions?

anglais: Pink ( et non "rose" qui est simplement la fleur, ou le passé du verbe to rise)
In the Pink of health, ou in the pink: être en excellente santé. Je suppose que ça fait référence à un teint " de lis et de roses", ce qui va être un peu compliqué pour Jesse, même s'il est en pleine forme. Du coup je me demande comment disent les populations d'origine africaine, pour le même concept, ça va être à chercher. Donc to be in the pink, c'est bien, mais to be in the red.. beaucoup moins (avoir un compte en banque négatif)
To be tickled pink: être " chatouillé en rose", avoir une bonne surprise, une satisfaction. Là encore je pense que c'est parce qu'on rosit de joie.
a pink slip
: pas cool du tout, ce n'est pas une culotte rose, mais un avis de licenciement au travail.
a pink collar: damn! encore l'association rose = fille. C'est un travail traditionnellement ou habituellement majoritairement occupé par des femmes: infirmière, femme de ménage, enseignement, et tout le toutim.
To see pink elephants: bon là, on a exactement la même, dans la même situation. Voir des éléphants roses.
J'en profite pour mentionner que Pink Floyd tient son nom de deux bluesmen, Pink Anderson et Floyd Council et donc ce n'est pas une référence à la couleur directement.Et le petit doigt "Pinky finger", non plus, c'est un emprunt au néerlandais "pink" qui signifie " petit doigt", tout simplement.

allemand: Rosarot, en non Rosa ( la fleur aussi)
Etwas durch  die rosarote Brille sehen: voir les choses à travers des lunettes roses: être optimiste, mais.. vraiment trop. Donc, c'est même encore plus que voir la vie en rose.
Il faut noter que pendant longtemps l'allemand n'avait même pas de mot pour désigner cette couleur, qui était " hellrot", rouge clair.
Elle est devenue très à la mode au XVIII ° siècle après le succès du roman de Goethe Werther, parce que l'héroïne porte une robe décorée de rubans " hellrot", lors d'une soirée. Le succès a été tel que les tailleurs ont vu les commandes de robes ornées de ruban roses exploser. Goethe a involontairement été  influenceur de mode au XVIII° siècle et ça m'éclate.

Espagnol
La prensa rosa: la presse rose (non, pas ce genre de publication, ce n'est pas rose " cochon"), c'est ce que les russes appellent la presse " jaune", la presse à scandale, les potins, "Coin de rue, images immondes" ou " Ici Pourri"
Ver la vida de color rosa: voir la vie en rose, tout simplement.

Et en russe, je n'ai pas trouvé d'association particulière, si ce n'est la mention du fait que en peinture symboliste ( doc début XX° siècle) la couleur est souvent associée à l'illusion et au rêve.
Mais, à par l'habituelle association mondialisée " rose = fille", ce n'est pas une couleur qui a donné lieu à des expressions spéciales en russe. La couleur traditionnellement appréciée en Russie, c'est le rouge, donc le rose doit être plutôt perçu comme un rouge délavé, un peu sans intérêt, qu'il va falloir repeindre fissa.

mardi 30 avril 2024

Polychromie musicale - Journée du Jazz (2)

Dans la droite ligne de l'an dernier, continuons à célébrer le jazz.
J'avais fait un sujet plutôt général l'an dernier, avec mise en avant de quelques chanteuses en particulier, mais cette année, j'ai envie de mettre en avant mes petites découvertes de l'année. Chaque nouvelle porte ouverte emmène sur de nouveaux terrains et .. c'est comme ça que je me retrouve perpétuellement à faire un jeu de l'oie musical.

Et cette fois, je vais mettre en avant des choses assez récentes, et des noms pas forcément les plus connus, je veux dire par là, m'éloigner des grands noms attendus, du genre Duke Ellington, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Nina Simone, Chet Baker, Benny Goodman, etc.. même si tous ces gens-là sont absolument géniaux.
J'ai plutôt essayé d'aller découvrir des choses que je ne connaissais pas ou peu, ou seulement de nom, et on va faire ça simplement par ordre chronologique, ça évitera de se prendre la tête avec des sous-genres très compliqués et de me mettre à dos les gardiens du temple parce que j'ai classé tel disque en bebop alors que pas du tout c'est du hard bop...

Si, je vais restreindre quand même à un domaine: je n'ai sélectionné que de l'instrumental*, parce que finalement il y en avait pas mal dans ce que j'ai écouté, et c'est ce qui pour moi a fait particulièrement effet cette année.
* à UNE piste près sur un des albums

Enfin... si, je vais quand même d'abord parler d'un grand nom des années 50, parce qu'il a plus ou moins inspiré tout ce qui suit, c'est-à-dire principalement du jazz fusion.
Et ce grand nom, c'est Miles Davis. Après Armstrong l'an dernier, c'est donc un autre trompettiste qui est l'invité vedette cette année. On va donc commencer par Miles et aller vers des choses moins "purement jazz" (je préviens pour les puristes) mais qui en découlent.


Je dois l'avouer, pour moi, Miles Davis, c'était avant tout la musique très réussie d'Ascenseur pour l'échafaud, et une poignée de titres comme So What? Donc j'ai décidé de corriger le tir, en cherchant comment attaquer l'Everest que représente sa discographie, en cherchant par quel album commencer.
Donc va pour le plus marquant. Et ça tombe bien il commence par So What?

1959 : Kind of Blue - Miles Davis - Jazz Modal, Cool Jazz
J'ai joué la sécurité avec "l'album de jazz le plus vendu de tous les temps" . Pas à cause de cet argument, mais parce que ça en fait la pierre angulaire de sa discographie et un jalon important du jazz en général.
Et puis avec Coltrane, Adderley, Evans entre autres dans le groupe, je fais d'une pierre plusieurs coups, ce sont des pointures chacun pour leur instrument de prédilection. Descriptif, avec une photo de Miles tout sourire, ça fait plaisir, on le voit habituellement très sérieux.
et c'est une bonne pioche, en grande partie de l'impro, et je suis toujours fascinée par les gens qui ont l'aisance d'improviser. Je dois cependant admettre que j'aurais eu un peu plus de mal à l'apprécier il y a quelques années (même si ce n'est pas le truc le plus tordu du monde), mais ma culture musicale s'est élargie peu a peu pour me faire apprécier les dissonances.
et j'ai beaucoup apprécié "blue in green" et " flamenco sketches" en particulier pour la contrebasse, et l'ambiance très planante.
C'est Parti!

1969: Hot rats - Frank Zappa Jazz-Rock, débuts jazz fusion
Zappa est un compositeur dont je ne savais presque rien, si ce n'est qu'il est trèèèèès spécial, mais influencé par le jazz. J'avais du entendre au plus une poignée de titres il y a quelques années.
Donc j'ai cherché par où attaquer cette discographie pour voir ce dont il retournait et ce qui pouvait être à la fois une bonne introduction et susceptible de me plaire.. Bon, va pour un disque instrumental, plus orienté jazz.
Disons que l'étiquette " Jazz Rock" est encore loin de la réalité, c'est du bizarre.
Là on arrive à ce qui pour moi est encore un peu trop chelou pour être 100% mon truc. Même si j'ai kiffé le jeu de guitare de Frank Zappa. Mais je le reconnais, là aussi, j'aurais vraiment eu du mal à apprécier il y a quelques années, mes oreilles se font
Attention ce n'est pas un album 100% instrumental, la seconde piste "Willie the pimp" que j'ai d'ailleurs particulièrement kiffée pour la guitare contient quelques mots chantée par Captain Beefheart, un autre nom que je ne connais que vaguement pour le moment ( grâce à sa mention, sir je ne me trompe pas dans la BD Pop, rock et Colégram de Solé). Mais oui, cette piste, madre mia, que c'est bon guitaristiquement!


1977: Heavy Weather - Weather Report. Jazz-fusion

1977, la meilleure année!
Je ne connaissais le groupe que de nom, et je les pensais plutôt dans la mouvance Rock Psychédélique, c'est en prenant enfin le temps de me pencher sur le cas de Jaco Pastorius que j'ai découvert qu'il jouait dans ce groupe.
Pastorius c'est.. je ne sais même pas comment résumer ça. Ce gars avait un talent incroyable mais sa vie est une succession de tuiles causées par des tendances maniaco-dépressives difficiles à soigner et qui ont indirectement causé sa mort prématurée. Qui sait ce dont il aurait été musicalement capable et quelle carrière il aurait eue avec un traitement efficace? En  tout cas le gars a réussi a révolutionner l'approche de son instrument et à le mettre sur le devant de la scène, en dépit de sa très courte vie.

Et donc une fort jolie découverte, mélangeant jazz, musique africaine, rumba.. Petit coup de coeur pour les percussions tout en finesse. Et donc la basse particulièrement présente pour mon plus grand plaisir. Un groupe que je vais explorer plus en détail, sans l'ombre d'un doute.
Pour l'écouter , c'est ici

1977 - Live in Chicago 6 février 1977 - Herbie Hancock et Jaco Pastorius - Jazz-Fusion, Funk-Jazz

Je vous ai dit que l'année 1977 était une très bonne année?
Bon ben on continue avec Jaco Pastorius et en duo cette fois avec un autre grand nom, Herbie Hancock ( claviers). Bon ben voilà. Je danse sur ma chaise en écrivant. Comme j'aurais dansé dans la salle si j'avais été présente au concert (qui a eu lieu en fait 2 mois avant que la cigogne ne me livre!)


1987: Madhouse 8 - Madhouse. Jazz-Fusion
Attention OVNI à l'histoire assez savoureuse. Ca va être un peu long, mais je ne peux pas l'éviter. Pour ceux qui connaissent, toutes mes félicitations, vous pouvez sauter ce qui va suivre.

Les belles histoires du père Jazztor: Il était une fois dans les années 80 un musicien très talentueux qui voulait sortir un disque de jazz instrumental. Or à l'époque, ça n'est plus vraiment porteur, surtout quand on est connu dans un autre style, et attendu au tournant, son public n'étant pas trop orienté jazz. Je pense qu'il y avait aussi le pari de se dire " Et si, maintenant que je suis connu, je faisais exactement l'inverse de ce qu'on attend de moi, si je sortais un disque juste pour le fun, est-ce que les auditeurs s'en rendraient compte? Est-ce que ma musique est appréciée pour elle-même ou juste parce que je suis connu?". Pour le savoir, autant jouer à cache-cache.

Solution retenue: créer un groupe fictif juste pour l'album, sans mention de notre composteur mystère. Pour le visuel, juste une photo de pin-up qui joue à la balle avec un chien, le nom Madhouse inconnu de tous, des pistes de 1 à 8 sobrement intitulées de "1" à "8", pas d'indication de genre.  On a tous les ingrédients pour que le disque se retrouve planqué sur le dernier rayonnage de Jazz-fusion (un terme assez vague quand même) d'un disquaire qui sera bien en peine de trouver un argument de vente. Pour la presse, le groupe est composé d'un claviériste nommé Austra Chanel, d'un percussionniste, John Lewis, d'un bassiste, Bill Lewis et d'Eric Leeds (saxophone et flûte). Des inconnus hormis Leeds, qui lui est une pointure.

Et bien, : les autres n'existent PAS, ce sont des noms fictifs. Yep. Chaque note autre que le saxophone ou la flûte est jouée, enregistrée et mixée par un seul musicien, celui qui s'est lancé dans cette aventure un peu folle. Et pourtant, on a l'impression d'entendre tout un orchestre de gens, chacun spécialisé dans un instrument, sauf que non. Le piano, les claviers la batterie, la basse, sont tenus par quelqu'un qui justement n'est pas le premier cité pour ses compétences dans ces domaines. Et ce n'est d'ailleurs toujours pas le cas: dans l'idée du public, c'est un chanteur/guitariste, qui ici précisément, ne chante pas et évite soigneusement les solos de guitare trop reconnaissables... Troll jusqu'au bout!
Mais pour savoir de qui il s'agit, il faudra soit aller jusqu'au bout de l'enregistrement ci-dessous, où un encart final dévoile son identité (ne lisez pas les commentaires d'emblée, laissez-vous surprendre! ce serait dommage d'avoir tout de suite la réponse avant l'écoute)

Et c'est une petite pépite, en particulier le très étrange n° 5 en forme de collage sonore de dialogues peut être issus de films avec une batterie et une basse qui accélèrent, le 6 très dansant, très funk, le 7 très rythmique et le 8, totalement planante autour d'un son répété (une sorte de "fffhoum" probablement programmé sur une touche de synthé, autour duquel la flûte brode, avec en arrière une rythmique de batterie presque cardiaque. Presque prog', j'adore!)


Il y aura une suite, qui garde la même logique "Madhouse 16" pour les pistes 9 à 16, cette fois avec intervention d'autres musiciens, maiiis, toujours aucune mention du vrai maître à bord. Le secret n'a été réellement éventé que bien plus tard. Mais, oui, autant que la musique qui m'a carrément conquise, l'anecdote de l'enregistrement en loucedé m'éclate.
Evidemment, le disque ne s'est pas vendu facilement, et n'a eu un succès que via le bouche à oreille quand le mystère a été éventé.
Enfin, j'espère un jour une réédition pour celui là et ses suites, c'est quasiment impossible à trouver en CD à prix raisonnable (au moment où je regarde " occasion à partir de 144€, neuf à partir de 377€, oups!)

2014: Cory Henry - First steps. NU-Jazz
Cory Henry, c'est un nom que j'avais vu par ci par là sur les forums de musique, sans  prendre le temps d'aller chercher plus loin.
Anecdote:
L'an dernier alors que j'allais chercher une commande à la FNAC, j'entends ça en fond sonore et je me mets à danser dans la file (vous vous souvenez de Full Monty? Ben voilà)
Une fois récupéré mon paquet, j'ai cherché le gars du rayon audio pour lui demander:
" C'est vous qui avez choisi ce qu'on entend?
- Heu oui?
- C'est QUOI cette reprise de Controversy? Non, c'est juste parce que j'adore le morceau d'origine, et je ne pensais pas dire ça un jour d'une reprise de ce titre-là, mais elle tient carrément la route, et ça fait plaisir."
Et donc on a discuté un brin, et  j'ai mémorisé le nom du musicien.
Je préfère quand même la version  d'origine bien plus sèche. Je suis curieuse d'avoir vos avis sur cette reprise, d'ailleurs.

Mais donc Cory Henry restait à découvrir hors reprise, et au pif, j'ai opté pour First Steps, et c'est une excellente pioche, j'ai été ravie de découvrir qu'il s'agit d'un album concept de New Urban Jazz totalement instrumental, dont la thématique est d'après l'auteur lui même:
en très gros et résumé, le texte dit:
" imaginez un jeune enfant, seul dans une pièce sombre et qui pleure, il a le choix soit de continuer à pleurer, soit se lever pour aller chercher de l'aide. L'intérêt dans le fait de se lever et de marcher, c'est qu'on ne sait pas exactement dans quelle direction aller pour trouver de l'aide. De la première à la dernière note, l'idée est que cet enfant trouvera non seulement de l'aide mais aussi de la joie, et c'est une métaphore pour l'auditeur, qui peut en faire ce qu'il veut[...] Après avoir écouté ce projet, j'espère que vous serez inspirés pour faire vos premiers pas en direction de vos objectifs, quels qu'ils soient"

Donc non seulement je suis musicalement comme un poisson dans l'eau,mais en plus le concept même et l'état d'esprit du composteur me parlent (il me dit de continuer à progresser en musique, non? ;)).
Encore quelqu'un dont je vais fouiller la discographie.
Pour écouter, c'est ici

Allez, ça fait 5, presque un par décennie, dans des genres proches + un fondateur, c'est déjà pas mal pour commencer.Je vois que d'ailleurs plusieurs son classés dans les 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie. Je hais ce mot de "il faut", mais j'en ai quelques uns déjà. Tiens et si je faisais une liste de ceux que j'ai écoutés, juste par curiosité pour voir où j'en suis, ce que j'en pense...

Promis, la prochaine fois je sélectionnerai des albums avec paroles, pour les allergiques à l'instrumental.