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dimanche 21 avril 2024

De la musique pour toute l'année: Avril

Sans surprise! Je l'avais annoncé dès le début, ça fait partie des titres qui m'ont inspiré cette liste mensuelle. En plus, avril est mon mois, alors je ME sélectionne une chanson que j'aime bien.

Sometimes it snows in April, une chanson de Prince qui était relativement peu connue du grand public, jusqu'au 21 avril 2016. Je vous avais prévenus qu'il reviendrait sur mon blog, le gars de Minneapolis.

Elle a pourtant été écrite et enregistrée le 21 avril 1985, mais placée en toute dernière piste dans un album assez déroutant au premier abord, donc pour y arriver, il faut d'abord se fader pas mal de bizarreries sonores. J'ai mis du temps à apprécier l'album et, à force de lui redonner sa chance parce que " je sens qu'il y a un truc que je n'arrive pas à cerner, ça mérite que je creuse", ça a fonctionné.

Or, par le jeu des hasards du calendrier, par une cruelle ironie du sort - ou la main du destin pour les plus mystiques - cette chanson qui parle de deuil, de la difficulté à se remettre de la mort d'un ami (et ce genre de sujet est rarissime dans la discographie plutôt joyeuse du chanteur) a été donc enregistré 31 ans tout pile avant la date de sa propre mort.
Plus étonnant encore, elle a été enregistrée pour la bande originale d'une comédie dramatique intitulée " Under the Cherry Moon", et raconte la mort du héros du film, en donnant la parole à son meilleur ami. Donc, pour la narration, le chanteur endosse le rôle du narrateur. MAIS, dans le film, il tenait le rôle du personnage central à qui est dédiée cette élégie, justement.
(Vous n'avez pas vu le film? C'est normal, il est réputé pour être un gros nanar, et quasiment jamais diffusé ou programmé, je ne sais même pas s'il a eu un doublage ou sous-titrage français: scénario facile, mise en scène pas ouf, problèmes de tournage en série... je ne l'ai pas encore vu, mais ça en ferait un bon candidat pour un visionnage nanardesque. En gros, tout ou presque est considéré comme boiteux, SAUF la musique et paradoxalement, sauf aussi l'interprétation du rôle titre, par quelqu'un qui n'était pourtant pas acteur. On aurait pu attendre qu'il se fasse descendre en flamme comme mauvais acteur, et pourtant ce n'est pas ce qui ressort principalement des critiques)

On arrive donc à cet étrange concours de circonstance où quelqu'un a écrit, enregistré et chanté sa propre oraison funèbre avec 31 ans d'avance! Rien que pour cette bizarrerie étrangement poétique, je ne vais pas sélectionner d'autres titres, mais plutôt deux versions de cette très belle, mais très triste chanson.

Version disque (et quelle interprétation! On pourrait croire à l'émotion dans la voix qu'il s'agit réellement d'une chanson composée lors de la mort d'un proche, et non d'un morceau composé pour une BO. Peut-être a-t-il malgré tout pioché dans un souvenir douloureux lors de l'enregistrement, comment le savoir?)


Et une version acoustique, sur scène (après quelques autres extraits)... vraiment trop court, il n'y a que la première strophe, mais wow!

C'est bien dommage qu'il n'y ait pas plus d'enregistrements acoustiques disponibles à l'heure actuelle. Il doit y en avoir dans la quantité phénoménales d'archives que le monsieur avait chez lui . Ca a été déjà un noeud gordien qui a duré plusieurs années pour savoir qui dans sa famille héritait de quoi au niveau matériel, mais que faire d'un héritage artistique et culturel qui, dans ce cas là, dépasse le cadre familial.

En clair, quand un artiste meurt, avec une quantité de matériel non publié, qu'en faire? Qui en hérite?
Les héritiers "matériels" des bandes et enregistrements peuvent décider de ne pas les exploiter ( et donc faire une croix sur une potentielle entrée d'argent) et les laisser s'abîmer, au nom de " ça n'a pas été publié de son vivant, donc par respect pour sa mémoire on ne le fait pas".
On peut aussi les éditer de manière posthume, dans le sens où ce serait vraiment dommage de priver les auditeurs de matériel inédit, et que l'artiste sombre dans l'oubli. Mais sans que ce soit non plus pour se faire des sous sans respect pour ce patrimoine culturel.

Aux dernières nouvelles, c'est ce qu'à décidé de faire sa soeur: tenter de faire éditer un maximum d'inédits, même des répétitions, au motif que " entendre le processus peut intéresser d'autres musiciens, et peut être donner l'envie à quelqu'un de faire pareil". Si c'est réellement sa motivation, je ne peux qu'abonder, je trouve passionnant de voir le processus créatif qu'il y a derrière l'image du musicien excentrique qui donnait l'impression que c'était facile de jouer de plus de 20 instruments.

Donc bon.. In memoriam, ça fait maintenant un peu plus d'un an que j'explore systématiquement et avec bonheur sa discographie, et que j'y trouve des pépites, qui ne sont pas forcément les tubes les plus connus. Et ça va continuer, il m'en reste encore un bon paquet à découvrir pour rattraper mon retard.

🎹🎶🎵Et le 21 avril est aussi la date que j'ai choisie l'an dernier pour commencer un travail systématique et plus sérieux au piano. Il fallait bien fixer un jour pour s'y tenir, je fête donc aujourd'hui 1 an de piano de manière, disons, moins dilettante qu'avant.
C'est un peu moins déprimant que de commémorer la mort de quelqu'un, et j'ai choisi cette date précisément parce que ce gars-là était pianiste avant d'être chanteur ou guitariste (ça je l'ai mentionné en mars dernier) et pour me souvenir qu'on n'arrive pas à un haut niveau sans s'y mettre sérieusement. autant transformer le coup de coeur musical en motivation personnelle, après tout.
C'est un peu ma manière de me botter gentiment les fesses: tu veux progresser? Rappelle toi qu'on a rien sans rien, et que même une vedette internationale n'aurait jamais atteint ce niveau sans une somme colossale de travail, si tu n'as pas le centième de son talent ou de celui de Jon Lord, inspire toi au moins de leur ténacité.

Eeeeet, finalement ça marche! Je n'ai pas le temps de ne faire que ça et c'est dommage. Mais comme j'ai gardé une trace écrite sous forme de carnet de tout ce que je fais, pratique, déchiffre, écoute... autour de la musique, et pas seulement du piano, depuis exactement un an. De cette manière, j'ai une vision assez précise de ma progression, et oui je peux le dire, j'en suis plus loin en ce 21 avril 2024 que ce que j'imaginais. Pas encore assez loin à mon goût, mais ça progresse! Donc oui, je suis plutôt contente de moi pour une fois.🎉🎊

La prochaine étape sera de me procurer un vrai piano électrique, avec 88 touches lourdes, et non plus un synthé à 61 touches, un peu molles, qui n'a pas de pédales, et qui fonctionne à piles. Je reprends le travail en juin, donc l'investissement est prévu dans la deuxième partie de l'année. 
Bon, rendez-vous l'an prochain, pour voir où j'en serai avec un an de travail de plus. Je vais avoir une quantité phénoménale de carnets au bout d'un moment...mais je veux voir jusqu'où cette manière plus carrée de travailler va me mener, combien d'années il me faudra avant d'avoir une vraie aisance au clavier. Evidemment qui dit " travail" dit " moins de temps pour la musique", va falloir systématiser encore plus les sessions de pratique 🎹🎶🎵

vendredi 12 avril 2024

Spécial Guerre de Sécession (2)

 Allez, un peu de lecture pour se renseigner plus en détail. Je ne suis pas allée chercher midi à 14h00 et j'ai simplement fouillé dans un stock de Que sais-je que j'avais mis de côté pour plus tard en version numérique.

La Guerre de Sécession - Farid Ameur



Rien à redire, l'auteur est un historien spécialisé sur cette période précise de l'Histoire, et apporte toutes les informations nécessaires, en particulier, sur le contexte en amont, la situation des Etats-Unis au XIXe siècle, pour comprendre comment on en est arrivés là.

Où l'on apprend que dès le premier quart du XIXe siècle, des menaces de sécession avaient été évoquées politiquement, dès 1812 en fait, puis en 1832 principalement pour raisons économiques et commerciales. Les événements de 1861 et des années qui ont suivi ne viennent pas de nulle part.
Et que la fracture est aussi d'un niveau quasi philosophique entre le sud, qui vit dans les idéaux européens d'une société très hiérarchique et immuable ( et merci à l'auteur de parler dans autres laissés pour compte que sont les agriculteurs blancs, libres contrairement aux esclaves, mais qui peinaient à joindre les deux bouts dans des régions dominées par une poignée de très gros propriétaires terriens vivant dans l'opulence.. et dominant donc, tous les autres), et au nord une société tournée vers la modernité, l'industrialisation, l'entreprise (puisque de toute façons, avec le climat continental, il était utopique de vouloir faire de l'agriculture à grande échelle), et ou les couches sociales étaient plus poreuses pour peu qu'on ait des idées, de l'ingéniosité ou de l'esprit d'entreprise (là aussi, il y avait des laissés-pour-compte, les ouvriers pauvres venus d'Europe pour travailler dans ce nouveau pays)
finalement c'est un peu l'opposition noblesse/ bourgeoisie d'Europe qui s'est reconstituée. Avec des riches minoritaires qui vivaient réellement comme la noblesse d'ancien régime, avec un train de vie dispendieux, achetant à crédit des produits de luxe venus d'Europe, tout en misant sur la future vente de la récolte de coton.. au risque de se retrouver avec des dettes colossale si une catastrophe naturelle advenait.
Et paradoxalement la classe blanche, pauvre et exploitée était souvent composée de fervents soutiens au système d'esclavage, dans la mesure ou la classe dominante leur faisait bien sentir que " vous êtes pauvres, mais s'il n'y avait pas les esclaves, c'est vous qui seriez le vrai prolétariat, donc vous avez tout intérêt à ce que ça continue, c'est ce qui conditionne que vous ne soyez pas la catégorie sociale la plus défavorisée". Le capitalisme vicieux dans toute sa splendeur.
L'auteur évoque aussi les abolitionnistes, qui existaient depuis quasiment le début de la conquête américaine, que ce soit pour raison religieuse, humaniste, rationnelle. Donc là aussi, c'est un sujet qui agitait la société depuis longtemps, la population ne s'est pas réveillée en 1860 à se demander si c'était bien chrétien de faire travailler du " bétail humain" dans des conditions épouvantables.
Mais, donc une lecture didactique, qui complète bien les documentaires.


J'ai un logiciel dédié à la lecture d'Ebooks  ( Icecream) mais je n'avais jamais testé la lecture audio. Je suis morte de rire, c'est encore et toujours la sempiternelle même voix de synthèse, qu'on entend absolument partout, et non seulement elle a du mal avec l'intonation ( celle , tombante en fin de syntagme, que fera naturellement un lecteur), mais est aussi incapable de lire les chiffres romains, le "XIXe siècle" est prononcé "gzikseuh siècle" et le XVIIIe " ksviiieuh siècle".. La lecture des années est aussi très mal faite, et ça pose problème. Un aveugle qui voudrait une lecture audio risque de galérer à comprendre ce qui est dit, et ça fait perdre le fil. Deux trucs marrants: " poignants" et "imagination" sont prononcés à l'anglaise, alors que le reste sonne à peu près français. "Poïnants" et "imadginacheune" ( et mon cerveau a enchaîné " it's just an illuuuuusion")

Et, pour ce qui est des suites de la guerre, une émission radio de 30 minutes autour des livres " Yellow Bird" et "l'Echo du temps" de Kevin Powers, auteur virginien qui s'est spécialisé en récits de guerre, et évoque en particulier comment la Civil War lui a été enseignée et est encore enseignée , en particulier, dans les écoles du Sud des USA, en général de manière très romancée et " mythologisée". Lui va à l'encontre de cette idéalisation
Kevin Powers explore les cicatrices non refermées de la Guerre de Sécession

Je note cet auteur ( ainsi que Shelby Foote, qui témoignait dans le documentaire précédemment évoqué)

Le sujet est encore d'actualité, dans la mesure où l'idéalisation de cette guerre est le fond de commerce des actuels suprémacistes blancs, héritiers du KKK racistes, évidemment, mais aussi sexistes ( ils sont le gros des rangs de ceux qui légifèrent sur le corps des femmes, limitent l'accès à la contraception, empêchent les plannings familiaux de travailler, suppriment le droit à l'avortement, valident le mariage forcé des petites filles, censurent les ouvrages évoquant l'homosexualité...) et électorat dévoué de Trump. Ce sont précisément eux qui ont pris d'assaut le Capitole il y a 4 ans, refusant d'accepter la défaite, et propageant à tour de bras des fake news. Et qui vont encore faire le gros de son électorat cette année.

Je n'en ai pas fini avec ce sujet, car j'aimerais parler aussi de ce qui a malheureusement suivi, à savoir l'apparition de la ségrégation et du KKK, puisque tout ça découle de la frustration des élites sudistes ( pas tous, evidemment, il y avait des abolitionnistes parmi eux , mais.. qui devaient faire profil bas, au risque, si leurs sympathies étaient connues, de faire eux aussi une mauvaise rencontre au détour d'une rue), d'avoir perdu leur statut de dominants en même temps que la main d'oeuvre dominée, et qui ont instauré un régime de racisme légal. Il y a beaucoup à en dire, de même que sur la représentation de la guerre dans les arts ou même la société ( ce que dit Powers), donc... je garde ça pour l'an prochain.



mardi 9 avril 2024

Spécial " Guerre de Sécession" (1)

Voilà, je continue à jouer les prolongations du mois de février et mars, en m'intéressant à ce sujet dont on a entendu parler en classe de quatrième en général, mais assez mal connu en France et pourtant  historiquement important, passionnant et qui a des répercussions encore à l'heure actuelle. Guerre donc nommée "de Sécession " en Europe, mais simplement "Civil War" aux USA. Mais je garderai l'appellation Sécession, plus connue ici ( et il faut bien dire que l'Europe a eu sa part de guerres civiles, donc ce serait très vague de la nommer guerre civile sans plus de précision)

Donc puisque la guerre a commencé le 12 Avril 1861 et fini le 9 avril 1865, c'est parti, je vais juste pour raison de calendrier inverser le début et la fin, histoire de ne pas faire les choses à l'envers. Et même mieux, je vais faire plusieurs sujets spéciaux cette semaine.

C'est parti, 9 avril, fin de la guerre, mais premier sujet, sur ses origines et son déroulement.

On ne va pas faire du détail absolument approfondi, ce n'est pas un cours d'histoire d'université. Je laisse ça à Pap N'Diaye, qui le fait très bien très vu que c'est son domaine.
Mais ça me paraît intéressant d'en parler puisque c'est en lien direct avec le sujet de ces derniers mois.
Et en effet, ce qui ressort des documents que j'ai vus/ lus/ écoutés ces dernières semaines, c'est que le conflit a eu  pour l'histoire Américaine le même genre d'évolution et de retentissement que la Première Guerre Mondiale pour nous en Europe. Une guerre qui a changé le cours de l'histoire, tout en ayant eu dans les deux cas, une durée finalement assez limitée (4 ans)

Vidéo
Résumé VITE FAIT, avec des cartes, La chaîne s'appelle l'histoire en 5 minutes ( enfin 6 minutes et demies ici!)

Une vidéo peu plus longue ( 27 minutes) mais super bien faite, concise, sans être trop dense à suivre, et surtout qui a le mérite d'évoquer l'origine ( politique et économique) de la guerre, ce que je n'ai pas entendu sur les podcasts audios qui partent du principes qu'on connaît et commencent directement par l'attaque du Fort Sumter, sans évoquer les cadre historique ( qui pourrait carrément remonter à la guerre d'Indépendance, autre sujet passionnant, mais comme les conflits ont souvent une origines qui remontent à une frustration vieille de plusieurs siècles, on pourrait presque remonter à la découverte de l'Amérique à la Renaissance en fait)
J'ai particulièrement apprécié l'utilisation d'extraits de films et des caricatures de presse d'époque.
Même le sponsorisation est faite de manière adaptée et informative ( et avec un sponsor pas absurde dans le cadre de l'Histoire, donc ce genre de sponsorisation ne me dérange pas, au contraire des pubs n'imp' qui coupent les vidéos )


Il y a d'ailleurs une autre vidéo sur les conséquences de la guerre, que je garde logiquement pour le sujet suivant.

Maintenant si vous avez du temps il y a une série de 7 fois une heure proposée par ARTE, et connaissant le niveau d'exigence de la chaîne, ça vaut le coup, vu la complexité du conflit et de ses enjeux.
Par contre attention âmes sensibles, c'est un documentaire historique sur le premier conflit réellement documenté en image, donc il y a profusion de photos (dont les photographes ont perçu l'importance à la foi documentaire et politique), donc oui, on voit des morts, des blessés, des jambes coupées. Parce que c'est ça la guerre.
Documentaires visible jusqu'au 29/06/2025
Playlist

Alors oui 7 fois 52 minutes c'est long, mais c'est passionnant et surtout le documentaire très fouillé et riche en archives est extrêmement bien fait. J'aime l'idée d'agrémenter les photos immobiles non seulement de musique, et explications, ça c'est courant, mais d'ambiances sonores évoquant la campagne: caquètements de poules, aboiement de chiens, pépiement d'oiseaux,sons divers, ou la ville: sifflements de trains, bruits industriels, sons de sabots et de charrettes sur les pavés,conversations dans le lointain.. et bien sûr les coups de canons des batailles. C'est trois fois rien, mais c'est un plus qui apporte une autre épaisseur à ces images en noir et blanc sans les retouches: pas de colorisation, et pas de mise en mouvement. Le documentaire a été fait en 1989, donc pas d'intervention moche d'IA, et surtout, pas de docu fiction, avec acteurs parfois pas formidables, ce que je déteste. Au lieu de créer une immersion pour moi, ça casse l'ambiance. Tu veux faire un film? Ben fais un film avec de bons acteurs si possibles ( on m'a conseillé Nord et Sud, et Gettysburg tiens)

J'aime beaucoup l'idée d'avoir intégré des extraits de lettres de deux individus, simples soldats: Sam Watkins, fils d'agriculteur, enrôlé dans l'armée sudiste, et Elishah Rhodes, employé de commerce du côté nordiste, et de suivre leur parcours et leurs point de vue de gens modestes au plus bas de l'échelle militaire, tout au long de la guerre. Car aucune surprise de ce côté, c'est précisément parce qu'ils ont survécu et traversé la période que leur témoignage est précieux, au même titre que celui des poilus de la Ie Guerre Mondiale. Le vécu réel des gens qui y ont participé apporte toujours un éclairage différent de la longue liste fastidieuse de dates et de batailles. Et comme souvent, les gens se sont engagés volontaires par fidélité à leur région natale plus que par idéal politique ou conviction profonde, et eux mêmes ne voient pas trop où on veut les mener, à part qu'il faut juste massacrer ceux d'en face avant d'être touché soi-même. Ni Sam, ni Elishah n'étaient des monstres de cruauté, simplement deux pauvres types qu'on a envoyé au casse pipe en leur farcissant la tête de gloire, et qui ont eu l'incroyable chance d'en sortir vivants.

D'autres extraits sont ajoutés, de gens beaucoup plus connus du grand public: correspondance de Lincoln, de Lee, de Grant, de Frederick Douglass, de Jefferson Davis, d'auteurs contemporains,

Et je dois dire que je suis très intriguée par le cas de Robert Lee, excellent chef militaire, qui est loin d'être une brute sanguinaire ou un imbécile, qui a été formé dans le Nord, qui a des amis parmi les chefs militaires du Nord, qui a une opinion personnelle pro-union et n'est pas un défenseur à tous crins de l'esclavage ( il a hérité de la plantation de son père, mais c'est loin d'être quelque chose qui l'intéresse. Il n'est pas abolitionniste non plus, mais il est loin d'être un idéologue raciste, et finit par se réjouir ouvertement de l'abolition de l'esclavage lors de sa reddition) et qui malgré tout choisit le mauvais camp, à rebours de ses convictions personnelles, par fidélité à son Etat de naissance (il est né en Virginie, la Virginie a fait sécession, il prend donc, envers et contre tout et surtout contre lui-même, le parti de suivre les politiciens de sa région natale). Je peux comprendre qu'il ne veuille pas se battre contre des gens de sa région, mais comment un homme intelligent peut renoncer à ses propres convictions, même pas par idéal politique, mais pour une raison purement géographique, ça me reste incompréhensible. Une solution plus pragmatique aurait pu être de démissionner de l'armée pour rester neutre. Oui, je suis vraiment intriguée par la psychologie de ce type. Sa position lors de sa reddition me fait penser que soit il avait toujours caché ses sympathies abolitionnistes difficiles voire impossible à tenir en tant que fils d'un planteur de Virginie, soit qu'il a changé d'avis au cours de la guerre. Mais en tout cas que cette reddition avec les honneurs lui a ôté un sacré poids psychologique. La suite de sa vie a été plutôt .. non violente et orienté vers l'éducation pour tous ( il a tenté sans succès de faire ouvrir des établissement éducatifs pour les anciens esclaves et leurs enfants, et franchement, rien que pour ça, même si c'est un changement d'opinion tardif, ça mérite d'être porté à son crédit)

Il y a aussi l'excentrique Thomas " Stonewall" Jackson, ( le mec qui croit que manger du poivre va lui donner des douleurs de la jambe gauche, mais mangeait du citron sur le champ de bataille, et refusait de poster une lettre si elle avait risqué de circuler le dimanche, parce que c'est le jour de dieu, personne ne doit travailler. Par contre lancer l'assaut le dimanche, aucun problème, pour avoir dieu de son côté). Un type particulièrement mauvais y compris avec les gens sous ses autres, je me demande si c'est le modèle de Cancrelat dans les Tuniques Bleues. En tout cas, un extrémiste religieux persuadé d'être le bras armé de son dieu, sur un champ de bataille, ce n'est jamais bon, et ce va-t-en-guerre massacre sans états-d'âmes Et pourtant celui là aussi sans être abolitionniste, était plutôt hostile à l'esclavage pour raison religieuse, et il état plutôt apprécié de la communauté noire de sa région.
Comme quoi il est bien difficile de définir dans ce sac de noeuds où est le bon et où est le mauvais.

Podcasts

- Comment s'est déroulée la guerre de Sécession (58 minutes) : très simple, très factuel, dates... on est vraiment dans un format débat historique, c'est très bien pour une entrée en matière et avoir quelques informations de base.

- La guerre de Sécession, premier conflit moderne (59 minutes émission de 2013). Débat public avec Pap N'Diaye sur le thème " fut-elle la première guerre moderne?" , à la veille des commémorations du centenaire de la I° Guerre Mondiale. Car en effet, dans l'histoire américaine, que ce soit en termes de durée, de violence, de recours aux tranchées, de modernisation de l'armement et par conséquent, du nombre de victimes,  ainsi que des conséquences sociales, industrielles et économiques, les deux conflits ont des points communs intéressants à analyser. Ici, plus que dans la précédente émission, on parle de l'événement déclencheur, à savoir l'élection de Lincoln réputé abolitionniste, en la personne duquel les états du sud dont l'économie repose sur l'esclavage, voient une menace. Décidément, j'aime beaucoup la manière de parler, de P. N'Diaye, très clair et très précis (c'est un universitaire, professeur d'histoire, habitué à parler devant un auditoire, qui doit rapidement comprendre les points importants et les enjeux et ça s'entend)

- Du fort Sumter à la bataille d'Appomatox ( 54 minutes); deux sujets en un, on survole l'histoire et les origines de la Guerre et ses enjeux, mais on évoque aussi son image dans les médias français et en particulier la bande dessinée.
Il y a évidemment les Tuniques bleues, et là j'ai envie de dire il n'y a aucune honte à avoir cette BD comme référence, ou comme porte d'accès au sujet du conflit car très souvent, les albums évoquent des personnages réels (Robert Lee, Ulysses Grant, William Sherman, Oscar Lagrange... ), des événements ou des lieux réels  (aucune honte je dis, c'est grâce aux Tuniques que j'ai découvert de qu'est West Point, donc si un BD d'humour peut donner des infos même succinctes et entraîner une curiosité, c'est bon à prendre. Par contre pour West Point j'ai du mal à oublier la caricature des gradés, avec le transfuge sudiste super mou, qui ne prend jamais une décision et passe son temps à boire un verre à la paille, dans une attitude de vacancier. Ce personnage n'a pas de rôle important, mais il est toujours dans un coin et me fait marrer)
Mais dans cette émission l'invité est Laurent-Frederic Bollée, auteur de la BD Deadline, qui m'a l'air intéressante, en tout cas j'ai bien envie de la lire.

Alors oui, on est en Avril, mais vu la quantité de documents que j'avais, j'ai carrément étalé sur plusieurs mois.
Et ça me paraissait important de s'informer là dessus, pour justement mieux comprendre les enjeux actuels, qui expliquent en partie que les affrontements communautaires soient encore aussi tendus.